dimanche 28 novembre 2010

Minorité nationale: Les Lezguines


Récemment de passage à Qusar, à 180 km de Bakou sur la frontière russo-azérie, j'ai eu l'occasion de me rendre en terre Lezguine. 
Ce peuple, réparti entre le Daguestan et le nord de l'Azerbaïdjan essentiellement, se distingue avant tout par sa langue, le Lezguine, qui appartient au groupe nakho-daghestanien de la famille caucasienne (c'est à dire loin de l'indo-européen et des langues turques). Cette langue ne possède pas moins de 18 cas (moi qui ai toujours du mal avec les 4 de l'allemand et les 6 du russe!!) et est parlée par environ 500 à 800.000 personnes selon les sources. Elle possède un statut officiel au Daguestan (qui, rappelons le, est une République au sein de la Fédération de Russie, ce qui lui permet ce genre d'adaptation de la constitution).


Ceci-dit, comme beaucoup de langues caucasiennes, le Lezguine se divise en 3 dialectes principaux, eux-mêmes divisés en 15 sous-dialectes (selon le Wikipédia français). En fait, chaque vallée, voire chaque village, possède sa propre langue, parfois avec un degré d'inter-compréhensibilité (je ne sais pas si le mot existe) étonnement faible.
Les Lezguines sont le troisième peuple du Daguestan en terme de la population, devant les Avars et les Darguines mais sont presque 3 fois plus nombreux que les russes. En Azerbaïdjan, c'est même le 2ème groupe, avec 2,2% de la population, là encore devant les Russes.


Qusar, située au pied du Caucase, est parfois considérée comme la capitale des Lezguines. Je n'ai cependant pas pu déterminer la proportion de Lezguines qui y vivent. L'autre signe distinctif de ce peuple est sa tradition musulmane sunnite (avec une minorité Chiite), ce qui ne le distingue pas réellement de ses voisins immédiats.

jeudi 25 novembre 2010

Record du monde

Un peu en panne d'inspiration malgré la volonté d'écrire quelque chose ce soir, je suis tombé dans google actualité sur un communiqué du CNRS au sujet du pays dans lequel je vis. (http://www2.cnrs.fr/presse/communique/2022.htm).


L'Azerbaïdjan (qui l'eut cru?) abrite le plus vieux gisement de sel exploité par l'homme (exploitation qui a cessé depuis bien longtemps). Evidemment la nouvelle ne va bouleverser aucun de mes lecteurs mais elle permet de souligner, au passage, que la région possède une forme de civilisation développée depuis environ 7000 ans. Cette découverte efface des tablettes l'ancien (je n'ai, ceci-dit, pas réussi à trouver la région), qui n'était que de 5000 ans.
La mine de sel où ont étés retrouvés quelques outils et céramiques se trouve dans l’ex-clave du Nakhitchevan, non loin de la Turquie, l'Iran et l'Arménie, plus exactement à Duzdağ.

Si cette nouvelle se retrouve sur le site du CNRS, c'est que les fouilles du lieu, en pleine vallée de l'Araxe (dont je viens, peut-être comme vous, de faire la découverte), ont étés effectués avec le soutien et l'appui du Ministère des Affaires Etrangères français.

dimanche 21 novembre 2010

Sommet caspien


Après Ashgabat en 2002 et Téhéran en 2007, c'est Bakou qui a accueilli les chefs des Etats bordant la Mer Caspienne. Messieurs Ahmaninejad, Nazarbaïev, Berdymoukhamedov, Əliyev et Medvedev se sont donc réunis jeudi dernier autour d'un sujet très préoccupant: le statut de la Caspienne.

Comme prévu, le sommet a accouché d'une souris puisque la déclaration signée par les chefs d'Etat en fin de sommet indique que les pays concernés ce sont mis d'accord pour poursuivre les discussions.

L'enjeu est énorme puisqu'il s'agit ni plus ni moins du partage d'immenses ressources naturelles (gaz et pétrole) qui est en jeu et le statut juridique de la Caspienne (mer ou lac?) aura un impact direct sur les rapports de force entre les pays voisins. A l'époque de l'URSS, les choses étaient bien plus simples, puisque seuls deux pays bordaient cette étendue d'eau, ce qui facilita la signature de deux accords irano-soviétiques en 1921 et 1940.

Aujourd'hui, les discussions ont lieu dans un climat de tension entre les deux plus grosses puissances régionales (la Russie a refusé de vendre des missiles S-300 à l'Iran suite au refus de ce dernier de coopérer avec les organismes internationaux au sujet de la supervision du programme nucléaire). Parallèlement, les 3 autres pays, dont la population combinée (environ 30 millions) ne dépasse pas la moitié de celle de l'Iran (sans parler de celle de la Russie) mais dont le dynamisme économique, la richesse en hydrocarbures et autres ressources naturelles (Uranium au Kazakhstan) et un soutien de l'Occident donnent une place importante dans les discussions.

En tant que mer, la Caspienne serait divisée en secteur nationaux proportionnels à la longueur des côtes, ce qui arrangerait l'Azerbaïdjan ou le Turkménistan, mais déplairai fortement en l'Iran qui ne conserverait que 13% de la mer et une zone estimée pauvre en ressources naturelles. En tant que lac, la Caspienne serait divisée en 5 parts égales ce qui serait extrêmement néfaste à l'Azerbaïdjan et au Kazakhstan.
La Russie, moins concerné par le partage des hydrocarbures (peu présent dans ses eaux territoriales) a d'autres souci plus lointain, notamment celui de voir le Turkménistan et l'Azerbaïdjan s'arranger pour la construction d'un pipeline entre les deux pays pour acheminer pétrole et gaz vers l'Europe (projet Nabucco). Il semble d'ailleurs que le Turkménistan soit plus qu'enclin a oublier ses tensions avec Bakou (partage de champs gaziers) afin de mettre à disposition 40 milliards de mètres cubes pour l'Europe. Dans le même temps, lors du sommet, une augmentation de la militarisation de la zone a été accepté, ce qui permettra aux iraniens et aux russes, déjà les mieux implantés, de maintenir leur mainmise navale sur la Caspienne, alors que ce sont les deux opposants à Nabucco.

Je n'aborderai même pas le sujet de l’écologie, pourtant à l'ordre du jour, mais qui, au vu des enjeux colossaux précédemment cités ne s'est pas vraiment crée de place. 

vendredi 12 novembre 2010

Qurban Bayramı et autres jours fériés en Azerbaïdjan.

Mardi prochain 16 novembre sera férié en Azerbaïdjan et dans une bonne partie du monde musulman à l'occasion de la fête de l'Aïd-el-Kebir  (Qurban Bayramı en Azerbaïdjanais) qui marque la fin de la période de pèlerinage à La Mecque (un des cinq piliers de l'Islam, cf. cours d'histoire de 5ème).

Plus que la signification de cette fête, la façon dont elle est célébrée ici où les traditions qui s'y rattachent, c'est sur le principe même de jour férié en Azerbaïdjan que je souhaite m'attarder.


En effet, ce pays est peut-être le champion du monde du jour chômé avec pas moins de 26 jours fériés chômés en cette année 2010!!!!. Comme si cela ne suffisait pas, le 9 novembre dernier a été déclaré jour du drapeau et fût donc chômé pour la première fois cette année. De plus, comme dans tous les pays issus du démantèlement de l'Union soviétique, si un jour férié tombe un samedi, le vendredi qui précède sera chômé, s'il tombe un dimanche c'est le lundi qui suit qui est chômé.
De plus, certaines fêtes donnent lieu a plusieurs jours fériés d'affilée. Le nouvel an persan (Norouz) en est le meilleure exemple, puisqu'il donne lieu, en mars, a une semaine fériée (si si!!).

Pour une liste exhaustive des jours fériés cette année, consultez le lien suivant: http://www.qppstudio.net/bankholidays2010/azerbaijan.htm

En revanche, l'Etat s'arrange pour organiser les ponts. Par exemple, mardi et mercredi étant fériés la semaine prochaine, pour éviter d'avoir deux jours de repos le week-end, un jour de travail lundi, puis à nouveau de jours de repos, le lundi sera rendu férié. Chose étonnante après ce que je viens de dire, le samedi sera, en compensation de ce lundi, travaillé.

Sans même avoir fait de recherches approfondies, je lance un défi: me trouver un pays où l'Etat accorde davantage de jours chômés. Bonne chance.

mardi 9 novembre 2010

Loin du tumulte...



Si l'Azerbaïdjan reste un pays largement méconnu en France, il n'en reste pas moins un pays d'une grande beauté doté des paysages extrêmement divers.


C'est ainsi que, pour la première fois depuis mon arrivée à Bakou, je suis vraiment sorti de Bakou pour prendre un grand bol d'air frais dans le Caucase. Le pays est en effet très montagneux, notamment au nord, à la frontière avec la Russie. Le peu fameux Bazardüzü Dağı culmine à 4466 mètres et se situe à quelques kilomètres du point le plus méridional de Russie.
Tout au Sud, à la frontière avec l'Iran, s'étendent les montagnes Talysh qui culminent à plus de 3000m. Enfin, à l'Ouest, la région du Haut-Karabakh est une partie de ce qu'on appelle le "Petit Caucase" (qui culmine tout de même à 4090m).


Pour ma part, je me suis rendu dans la petite bourgade de Lahıc, situé à environ 1300 mètres d'altitude dans un fond de valée. De nombreux artisans y travaillent le cuivre et fabriquent plateau, carafes et lampes qui se vendront cher sur les marchés de Bakou.




Le village est situé à 3 heures de voiture de la capitale, avec une route en bon état sur la majorité du parcours (qui se termine tout de même par une piste). Chose agréable, les bords de route sont bien plus propres que ceux que j'avais pu voir jusque là. Tout le long, les vendeurs de noix succèdent au vendeurs de fruits, légumes et conserves de tout type. La région est également plantée de vignobles réputés (au moins en ex-URSS).

lundi 8 novembre 2010

Elections: Résultats


Clemenceau disait: "Une dictature est un pays dans lequel on a pas besoin de passer toute une nuit devant son poste (de radio j'imagine) pour apprendre le résultat des élections".


Hier avaient lieu à Bakou et dans tout l'Azerbaïdjan les élections législatives. Côté résultat, "comme prévu" (je n'ai pas vu passer de sondages d'opinion avant le vote, alors je me fie à ma modeste intuition), c'est la parti du président au pouvoir, Yeni Azerbaïdjan (YAP), qui ressort grand vainqueur du scrutin, avec 74 sièges sur les 125 (avec environ 80% des voix) que compte le parlement (monocaméral). Les "indépendants" (sans parti) remporteraient 36 sièges, le reste étant réparti entre plusieurs mouvements politiques organisés minoritaires. Le principal front d'opposition ne remporterait aucun siège (encore provisoire).
Le mieux élu de cette nouvelle assemblée est Cavid Qurbanov, qui a réussi a récolter 90,28% des suffrages exprimés dans son fief de Kəlbəcər (région contrôlée par l'armée arménienne... hasard ou coïncidence?). Pour trouver le résultat complet des élections: http://www.lent.az/news.php?id=48143

Pour les observateurs de l'OSCE, du Parlement européen du Conseil de l'Europe, "la conduite globale des élections ne représente pas un progrès significatif pour la démocratisation du pays". Ce qui change notablement des positions adoptés par le passé par les mêmes organismes. Au menu des griefs contre les dirigeants azéris: bourrages d'urnes, concurrence déloyale, muselage de la presse ou encore comptage douteux des voix. Les observateurs de la C.E.I se sont montrés moins critiques, ne relevant que quelques "infractions techniques mineures". 
Le secrétaire général du YAP a, quant à lui, mis les pendules à l'heure en déclarant "Je peux assurer que l'élection a été libre et juste"... A méditer.

Pas d'incidents liés à une quelconque contestation n'ont été constatés. La participation a atteint 50,24%, soit un progrès de 5 points par rapport à 2005. 
Ci-dessus le président Əliyev et sa femme, présidente de la puissante Fondation Heydar Əliyev, qui fera l'objet d'un article ultérieur.

mercredi 3 novembre 2010

AZAL: Incident à Istanbul


Un Boeing 757-200 de la compagnie nationale azerbaïdjanaise AZAL (Azerbaycan Hava Yolları) a subi un léger incident au décollage de l'aéroport international de la capitale turque. Une fumée a  envahi la cabine, ce qui a forcé les pilotes à faire demi-tour et à se poser en urgence sur les pistes de l'aéroport Atatürk. Plus de peur que de mal, puisqu'après inspection, la fumée provenait en fait d'un four micro-ondes défectueux. Certains des 221 passagers qui avaient été mis en attente au terminal on cependant refuser de reprendre l'avion.
Le 12 août dernier, un Airbus de la compagnie s'était abîmé en bout de piste dans le même aéroport. Aucune victime à déplorer non plus à l'époque.

AZAL a été initialement fondée en 1923 pour effectuer des vols entre Bakou et Tbilissi, avant d'être intégrée à Aeroflot. La compagnie a, par la suite, été recrée par le gouvernement azerbaïdjanais (début 1992) et possède désormais une flotte très moderne, même sur les vols intérieurs (2 des 3 derniers Tupolev sont utilisés par le gouvernement azéri et le dernier Antonov est un cargo). L'âge moyen de la flotte est inférieur à 6 ans. AZAL effectue des vols réguliers un peu partout vers l'Europe (3 fois par semaine vers Paris), la Russie, l'Asie centrale, mais aussi vers la Chine, Dubaï ou encore Israël.

mardi 2 novembre 2010

Elections: chaud devant!!


Les Azéris du monde entier voteront dimanche pour élire leurs 125 députés parmi 692 candidats. 5 millions de personnes sont appelées à s'exprimer sur l'avenir de leur nation, selon l'expression consacrée. Il s'agit d'un scrutin majoritaire (par circonscription) à un tour.

Le grandissime favori de ses élections est le parti "Nouvel Azerbaïdjan", dont la principale figure n'est autre que l'actuel président du pays İlham Əliyev (photo), fils du fondateur du parti Heydər Əliyev, lui-même ancien président de la république (17 ans de présidence continue à eux deux). De toute façon, la politique du pays est dominée par ce parti, qui possède déjà 63 sièges dans le parlement sortant et 43 non-inscrits de poids (je n'entre pas dans les détails, je crois que c'est assez clair). Il n'y a, de fait, qu'un seul réel parti d'opposition: le Parti de l'Espoir, dont le leader (Igbal Agazadeh) et quelques éminents membres ont brièvement étés emprisonnées en 2005 avant d'être graciés par le président. Ce parti tentera de conserver son unique siège dimanche prochain.
Le climat pré-électoral est relativement calme, sauf peut-être du côté de quelques ONG, comme Human Rights Watch qui écrit sur son site "Le gouvernement azerbaïdjanais utilise des lois criminelles et des attaques violentes pour faire taire les journalistes qui expriment des opinions critiques".  Un avis bien contraire à celui des observateurs de la C.E.I. qui ne relèvent "pas de violations sérieuses" et qui saluent une préparation "calme". L'association azérie pour le progrès de la société civile relève de nets progrès par rapport au élections de 2005. Plus de 1000 observateurs internationaux (dont un officiel du gouvernement lituanien-juste pour le clin d'œil) et 18 médias étrangers couvriront le scrutin.