Une grande partie de l'identité culturelle azérie peut se définir à travers sa langue: l'Azerbaïdjanais (ou Azéri-turc). Vous l'aurez compris, il s'agit d'une langue turcique extrêmement proche du turc de Turquie (travaillant avec des Turcs et des Azéris, je me rends compte chaque jour de l'inter-compréhension). Le Gagaouze (Moldavie), le Tatar de Crimée et le Turkmène sont également très proches.
Cette langue est parlée au-delà des frontière du pays et notamment en Iran, où l'on dénombre davantage de locuteur de l'Azéri (environ 15 millions) que d'habitants en Azerbaïdjan (environ 8 millions, cf. publication précédente). On compte en outre des minorités "azérophones" en Turquie, en Géorgie, en Russie et dans le Kurdistan Irakien (où la langue possède un statut officiel mais est décrite comme turkmène).
Les débuts de la tradition littéraire Azerbaïdjanaise en langue turcique sont largement liés au nom de Mehmed bin Suleyman Füzuli (1ère moitié du XVIème siècle), qui a notamment traduit des œuvres de Nizami Gəncəvi (voir ci-dessous), le grand dramaturge azéri de la fin du XIIème siècle, d'expression persane.
Səməd Vurğun (cf. photo du début d'article) est la grande figure de la littérature azérie contemporaine (première moitié du XXème siècle). Je vis d'ailleurs à deux pas du Théâtre dramatique Russe, qui porte son nom.
L'alphabet utilisé en Azerbaïdjan pour la langue fut longtemps l'arabe-persan (qui reste celui des azéris d'Iran), abandonné au début des années 1920 au profit d'un alphabet latin légèrement différent ce celui en vigueur aujourd'hui. A partir de 1939 et jusqu'en 1991, le cyrillique est l'alphabet officiel. Aujourd'hui, l'alphabet est à nouveau latin, avec quelques adaptations, telles que le "ə", le "ı" (i sans le point), le "ğ", le "ş", le "ç", le "ü" et le "ö". Des adaptations similaires existaient par rapport au cyrillique russe (ә, ҹ, ҝ, ғ, ө, ү, ј).
Certaines lettres ont une prononciation différente de leur équivalent français (le nom de la ville de Qobustan s'écrit et se prononce par exemple Gobustan, "c" se prononce "j"...).
Si le russe reste largement pratiqué, compris et étudié ici, l'Azerbaïdjanais est la seule et unique langue officielle (ce qui n'est pas le cas au Kazakhstan, en Biélorussie et au Kirghizstan, où le russe est, au côté de la langue "nationale", également officiel).
Contrairement à ce qui se passe en Lettonie ou en Estonie, la langue russe n'a pas mauvaise presse, bien au contraire, ce qui est sans doute lié au poids de l'histoire et à la faible importance de la communauté russe dans le pays.