Le 20 janvier est un deuil national en Azerbaïdjan. Il est de ce fait férié. On commémorera demain les évènements qui ce sont déroulés il y a 21 ans, dans la nuit du 19 au 20 janvier 1990, lorsque 26.000 militaires soviétiques envahirent Bakou pour écraser le Front Populaire Azerbaïdjanais. Les bilans varient d'une source à l'autre, l'officiel faisant état de 137 morts. Cet évènement s'inscrit dans le processus d'émancipation de l'Azerbaïdjan de la tutelle soviétique.
Le casus belli? Une agitation interne et des tensions ethniques attisées par le Front populaire. A l'époque, des mouvements indépendantistes naissant agitaient le sud du pays. De plus, la République socialiste soviétique d'Arménie venait de décider (le 9 janvier) l'inclusion de l'Oblast du Haut-Karabakh dans son budget, ainsi que l'autorisation pour les habitants de la région de voter pour les élections arméniennes, ce qui enfreignait clairement la loi soviétique. A l'époque, outre les velléités d'indépendance de l'Azerbaïdjan, exacerbées par le comportement du pouvoir central à l'égard de l'Arménie, plusieurs pogromes anti-arméniens eurent lieu dans le pays, notamment à Sumgait le 12 janvier, où 90 arméniens perdirent la vie. On estime que ce sont près de 300.000 arméniens qui quittèrent Bakou suite à ces évènements. Dans la foulée, l'état d'urgence fut déclaré, l'Armée Rouge et le KGB pénétrèrent dans la capitale pour rétablir l'ordre, faisant près d'un milliers de victimes (aux morts, il faut ajouter au moins 800 blessés). Le 22 janvier, les Bakinois enterrèrent leurs morts et une grève générale paralysa la République pendant 40 jours. L'état d'urgence ne sera levé que 4 mois plus tard.
Le 18 octobre 1991, l'Azerbaïdjan déclara son indépendance, qui fut confirmée par un référendum en décembre de la même année, juste avant la dissolution officielle de l'URSS. Gorbatchev s'excusera en qualifiant la déclaration de l'état d'urgence à Bakou comme la plus grande erreur de sa carrière politique. Une loi de 1994 établi le 20 janvier comme le jour de deuil national. Les victimes des évènements possèdent, par décret présidentiel, le titre de "Martyres du 20 janvier". Ils sont enterrés dans l'"Allée des Martyres" sur les hauteurs de Bakou, un mémorial rassemblant entre autre les morts des guerres du Karabakh.